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No Sex Inside
8 mars 2013

Fucking 8 mars

Voilà plusieurs années que je m'insurge contre "la journée de la femme" et son cortège de blagues vaseuses et d'opérations commerciales, pour le simple fait qu'elle n'existe pas. Et que c'est cette appellation qui est justement la source de toutes ces dérives, qui sont un bon moyen d'occulter la réalité.

Le 8 mars est la journée des DROITS des femmes.

Une pensée, donc, à toutes les femmes battues, humiliées quotidiennement, mal payées, excisées, écrasées sous le poids des tâches ménagères, violées, agressées, harcelées, discriminées... pour la simple raison qu'elles sont des femmes.

D'autres en parlent bien mieux que moi, alors j'ai hésité à écrire cet article, de peur qu'il ne soit redondant et alimente les commentaires du genre "c'est bon, on a compris". Je suis une féministe débutante et encore timide, moi. Mais je crois que j'ai trouvé le moyen d'en parler de manière personnelle.

Voici ce qui, selon moi, sont des causes pour lesquelles nous avons besoin de nous battre, chez nous, en France (ce qui ne m'empêche pas de penser à d'autres drames vécus par les femmes d'autres pays) :

- avoir le droit de disposer de son corps (accès à l'IVG qui est de moins en moins facile, droit à choisir la contraception que l'on souhaite, ce qui dans les faits est moins évident qu'on le croit, ou l'accouchement que l'on veut)
- avoir le droit à l'égalité salariale, et à la non discrimination à l'embauche et dans le travail d'une manière générale
- avoir le droit d'être reconnue comme victime lorsque l'on est violée / agressée ou harcelée sexuellement
- avoir le droit de ne pas être battue, et de ne pas mourir sous les coups de son conjoint
- avoir le droit de se promener dans la rue sans, au mieux recevoir des commentaires sur son physique ou sa tenue, au pire sans se faire agresser verbalement ou physiquement.
- avoir le droit à un partage égalitaire des tâches ménagères.
(j'en oublie sûrement)

Aux petits malins qui diront que les femmes concernées par ces problèmes sont peu nombreuses, et qui n'iront jamais se renseigner en lisant des chiffres, je souhaite répondre par des exemples qui me sont personnellement arrivés. Attention, morceaux d'intimité inside.

La contraception : lorsque j'ai voulu prendre une contraception, la toute première fois (assez tard puisque j'avais 20 ans et une vie sexuelle commencée plusieurs années auparavant), je suis allée chez une gynécologue. Je m'installe en face d'elle, et je lui dis, timidement, que j'aimerais parler de contraception. Dans ma tête je ne suis pas fixée sur une méthode particulière. Sa réponse, sèche : "vous voulez prendre la pillule, quoi" (avec un ton "arrêtez de faire votre mijaurée et de tourner autour du pot"). Pas un mot sur les autres moyens de contraception, pas une question sur ma vie sexuelle, mon ou mes partenaires, et ce qui me conviendrait le mieux. Examen, frotti sans un mot d'explication. Prescription d'une pilule de 3è génération. Des analyses à faire (cholestérol avant et après la prise de la pilule). Je reviens plus tard avec mes analyses, petite remarque sur mon cholestérol qui a doublé et les analyses qui lui paraissent limites, mais pas de proposition de changer de contraceptif ou même de prendre une autre pilule. L'information éclairée et le libre choix du patient ? J'ai appris bien plus tard des informations telles que "l'examen gynécologique n'est pas nécessaire à la prescription de la pilule", "on peut se la faire prescrire par une sage-femme ou un médecin généraliste" (le fait est que je n'ai ensuite pas vu de gynéco avant plusieurs années), "on peut se faire poser un DIU (stérilet) même en n'ayant pas eu d'enfant"... A l'époque, on ne trouvait pas encore toutes ces infos sur Internet, la moindre des choses est de les recevoir par son médecin, non ? 

Le droit de disposer de son corps : Faire une épisiotomie à une femme, lui couper le corps avec des ciseaux, dans sa partie la plus intime, prendre une décision lourde de conséquences sans lui en demander l'autorisation, ni même lui dire ce qu'on est en train de faire. Ca se passe tous les jours. Il m'arrive encore d'avoir mal.
Il y a eu aussi ce petit ami, à qui, moi qui étais bénévole à Solidarité Sida et qui ne lâchais jamais sur le "tant qu'on n'a pas fait de dépistage des mst, c'est capote", j'ai cédé, après une relation avec rupture de préservatif, quand il m'a dit qu'il ne se protègerait plus vu qu'on avait couru un risque une fois (alors que je le savais bien, qu'un seul rapport non protégé ça ne voulait rien dire, qu'il pouvait ne pas y avoir contamination cette fois là mais lors d'une autre), par peur qu'il me prenne pour une emmerdeuse. (bon, j'avoue, là, les torts sont partagés) Mais comment vous forcez, vous, un mec à mettre une capote ? La grève du sexe ?

Le droit de se promener dans les lieux publics en toute liberté et sécurité : je passe les réflexions malvenues dans la rue ou ailleurs, sur mon physique, mes seins, une jupe trop courte, un pantalon-quel-dommage ou vous-pourriez-vous-maquiller-mademoiselle, au choix, on est toujours la belle de quelqu'un et la moche d'un autre. Je passe aussi le malaise, quand on est une femme et qu'il faut rentrer chez soi tard le soir et seule.
Je garde en travers de la gorge la réflexion d'une copine, un jour, en terrasse, à propos d'une fille court-vêtue qui passait devant nous "celle-là elle ne se plaindra pas si elle se fait violer" (donc, un mec avec des fringues chères et une belle montre mériterait de se faire voler son portefeuille ? une mamie son collier trop voyant ? un ado son portable parce qu'il téléphone dans la rue ?). Portons une burka, hein, comme ça on sera tranquille, ce n'est pas du tout comme si c'était la faute des agresseurs si une femme se fait agresser.

Le droit de ne pas se faire agresser verbalement ou physiquement parce qu'on est une femme : Il y a eu ces mecs, dans le métro, à plusieurs reprises, qui ont collé leur sexe en érection contre ma cuisse (ah oui mais bon à travers le pantalon, ce n'est pas vraiment une agression sexuelle), ou qui se sont touchés en me regardant et en cherchant à me frôler.
Je fais encore des cauchemars à propos de cet homme, un collègue de mes parents, qui me regardait d'un air lubrique alors que je n'étais qu'une enfant ; je comprenais que ce n'était pas normal, mais je ne savais pas quoi dire à part que je n'aimais pas quand on allait chez lui.
Et puis, dans le métro encore, ce groupe de gamins qui m'a entourée, le "petit chef", qui se collait à moi et me mettait le bras sur l'épaule, 14 ans à tout casser, énorme, libidineux comme on l'est parfois à cet âge, pendant qu'un plus petit avait discrètement sorti une lame de sa poche ; mes tentatives désespérées de discussion, d'appel au respect ; cette scène, qui a duré de longues minutes, sur le quai puis dans le wagon, ces témoins qui me regardaient avec compassion, en levant les yeux au ciel l'air de dire "ah, ces jeunes !", mais qui n'ont pas levé le petit doigt pour me sortir de cette situation (une femme qui se fait mettre le bras sur l'épaule et coller d'un peu trop près, ce n'est pas bien grave)... J'en vomirais rien qu'à y penser.

La discrimination dans le travail : je ne sais pas si j'ai un jour échoué à un entretien d'embauche parce que j'étais une femme, mais on m'a bien posé la question "vous avez des enfants ? vous n'avez pas de problème de mode de garde ?", que l'on n'aurait jamais posée à un homme. Et, en ces temps de crise et de chômage, la féministe en moi s'est écrasée en disant qu'il n'y avait pas de problème à ce niveau là. Il m'est même arrivé de préciser que mon conjoint travaillant à la maison, il est assez disponible en cas d'imprévu. Pire, j'ai ressenti comme une culpabilité d'avoir un enfant.

J'ai de la chance, je n'ai jamais subi de violence conjugale, de viol.
Je n'ai jamais été confrontée au désir ou au besoin d'avorter et donc au système hospitalier qui va avec.
Je travaille à temps partiel subi, si l'on part du principe que j'aimerais bien travailler à temps plein mais que je ne trouve pas de poste, mais je ne considère pas que ce soit parce que je suis une femme.
Cortex est très fort pour les tâches ménagères, dont il s'occupe bien plus que moi, qui préfère bricoler ou m'occuper de Minus.
Mais le peu que j'ai eu à subir pour la simple raison que je suis une femme, ça ne devrait pas exister.
Les hommes devraient être élevés en apprenant que ce n'est pas normal de siffler une nana dans la rue ou de forcer sa compagne à avoir une relation sexuelle lorsqu'elle n'en a pas envie. On ne devrait pas entendre qu'une fille violée l'a bien cherché. On devrait pouvoir s'habiller comme on le souhaite sans que ce soit pris pour un message sexuel. On devrait enseigner à l'école l'anatomie féminine avec autant de détails que l'on enseigne celle des hommes, pour que les filles et les garçons comprennent que le droit au plaisir n'est pas réservé qu'à la gent masculine. Oui oui, les filles ont aussi une érection, de ce machin, là, qu'on appelle le clitoris, et même, figurez-vous qu'elles peuvent elles-aussi se masturber ! Du plaisir sans les hommes ? Naaaaaan...

On les aime quand même, la plupart du temps, nos mecs. Le mien, je ne pourrais pas vivre sans lui. Il est parfois un peu féministe, ça compte. On aimerait juste qu'ils nous fassent la place qu'on mérite, c'est-à-dire la même que la leur. Pas plus, pas moins.
Et nous faire la place qu'on mérite, ce n'est pas nous offrir des fleurs une journée par an pour nous dire à quel point nous sommes formidables. Je râle souvent parce que Cortex ne m'offre pas de petits cadeaux, mais je crois qu'il sait que s'il m'achète des fleurs aujourd'hui, je le tue.

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Commentaires
H
tout a bien sur raison mais il faut tout de même continuer cette journée des Droits des Femmes tout simplement pour rendre hommage à toutes celles qui ont du se battres pour nos acquis hélas toujours fragiles
N
d'accord avec toi gros même si j'ai eu affaire a des docteurs plus sympas et plus ouverts que toi en ce qui ,concerne la contraception et l'avortement, même ,s'il était thérapeutique. Pour le reste, tout est question d'éducation et malheureusement de ce coté il y a beaucoup a faire et pas seulement envers les femmes. De plus d'accord cette journée est un e vrai hypocrisie
J
Cortex… ?
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