No pasaran
No pasaran parce que j'ai envie de vous parler de révolution.
Mais pas la révolution qu'on fait pour renverser le monde (et l'oiseau, et le nid, et la cage, et le tapis, et la table, et la chambre...). Non, juste le mot pour dire que ça tourne. Et même, la double révolution. Comme l'escalier de Chambord en photo à côté. Parce que ça tourne, chez moi, et dans ma tête. Ca double tourne.
Dans un sens, je grimpe l'escalier, il y a de bonnes nouvelles choses, de l'évolution positive, des progrès, du travail, un élan dynamique et joyeux. Une autre partie de moi descend l'escalier, se prend des coups de massue au passage, trébuche, s'enfonce dans une espèce de malaise et de tristesse. C'est comme si ces deux personnes ne se croisaient jamais. Parfois, elles s'entraperçoivent par les petites ouvertures, là, se regardent sans se comprendre, je crois. Peut-être qu'elles se font un salut de la main, en levant un sourcil interrogatif qui dit "on se connait, mais d'où ?" Et moi qui suis les deux je ne comprends pas non plus comment on peut aller si mal et si bien en même temps, comment on peut autant à la fois aimer sa vie et son quotidien, et à la fois avoir envie qu'ils soient différents.
Je me sens prisonnière de mes contradictions, et de toutes ces choses que j'accepte à contrecoeur. Pas facile l'apprentissage d'être libre.
Au fil de mes pérégrinations sur les marches de Chambord, ce matin, l'essentiel me saute aux yeux. Si c'est peine perdue pour moi (je n'ai pas abandonné tout espoir, mais la route est longue), il est indispensable d'enseigner à Minus à être un homme libre. Libéré de lui même, de son image, des pressions extérieures. Libéré de la violence, des peines qu'on s'inflige par manque de confiance. Et j'ai l'impression que c'est en essayant de l'élever lui, ou plutôt de l'aider à s'élever, que je parviendrai à m'élever moi.
Pour ça, j'ai des pistes, des petits chemins encore à débroussailler, mais j'y vois de plus en plus clair. Une de mes sources d'inspiration est l'éducation bienveillante. Si vous n'êtes pas familier avec le concept, vous y trouverez une introduction ici. L'idée me parle sans doute parce que moi-même j'ai reçu une éducation globalement non-violente, et même si tous les cercles de nos habitudes culturelles occidentales n'ont pas été brisés par mes parents (je crois qu'il faut bien plus d'une génération pour faire évoluer les relations parents-enfant), je pars en ayant été orientée sur cette route. Et c'est le seul voyage que je fais sans douter, en réussissant à ne pas me laisser (trop) influencer par les avis extérieurs, et en luttant avec constance contre la tentation des solutions de facilité, même si je ne gagne pas toutes les batailles.
On n'a qu'à dire que le reste on s'en fout.