Et 1, et 2, et 3... (air connu)
Si vous me suivez depuis le début, vous savez qu'il m'a été difficile de trouver mon travail, ou au moins que je n'ai pas croulé sous les propositions. Et que c'est donc un emploi précaire, aidé, à temps partiel, et payé au smic. Parait-il que le SMIC va augmenter. J'ai fait le calcul, avec les chiffres annoncés, je vais gagner 30 euros de plus par mois. Ca couvre 1/3 de mon budget essence, qui s'est ajouté avec le déménagement. Youpi. Mais j'y tiens quand même un peu à ce travail, c'est un cdi, j'aime presque tous les jours ce que je fais, et mes collègues ne sont pas désagréables. Ca paye le salaire de la nounou de Minus, c'est important. Une fois le salaire de la nounou et l'essence déduits, et les aides de la CAF ajoutées, il me reste une ou deux centaines d'euros d'argent de poche à la fin du mois.
Heureusement, la garde de Minus 4 jours par semaine me permet de travailler également pour mon deuxième boulot. Etre payée pour écrire, un blog en plus, et pour animer un twitter et une page facebook, c'est quand même un peu une consécration pour moi. Un peu comme être payé pour tester des matelas ou des jeux vidéo, pour d'autres. Surtout que je défends un projet que j'aime beaucoup, et qu'on me demande de parler d'un sujet qui me passionne, l'éducation. Ce serait presque un sans faute, si seulement ça pouvait être plus qu'une seule journée et demi par semaine (en vrai, la majeure partie de mon lundi + les samedis matin + plein de petits moments dans la semaine), et autrement qu'avec le statut d'autoentrepreneur.
Ce n'est un secret pour personne que les temps sont durs (ma bonne dame). Alors quand je me suis vue proposer un troisième boulot, j'ai hésité, un peu, et j'ai fini par accepter. Vous vous souvenez peut-être de mes galères d'achat de chaussures à semelles souples, et bien maintenant j'en vends, c'est plus simple. J'ajoute à ma liste un statut supplémentaire, celui de VDI (vendeur à domicile), et j'occupe un peu plus mes weekends. Je crois que je me serais sentie coupable de refuser ce travail, même si au final, il va me demander du temps et de l'énergie, pour un revenu vraiment minime. J'ai eu tellement peur de ne pas trouver le premier, j'ai encore tellement peur de tous les perdre, que je préfère multiplier les occupations.
Je suis peut-être un peu prétentieuse, mais je pense que, au vu de mes études, de mon expérience et de mes compétences professionnelles, je pourrais briguer un poste un peu plus haut sur je ne sais quelle échelle, dans le genre de mon cdi, bien payé, ou passer un concours de la fonction publique. (briguer n'est pas trouver, on est d'accord)
Mais voilà, est-ce que j'arriverais à aller au travail 35h par semaine, dans un bureau. Est-ce que, même si cela résulterait d'un choix personnel, je n'aurais tout de même pas l'impression de perdre ma liberté ? Ou ce sentiment de liberté, en tout cas, qui m'habite lorsque je travaille de la maison, que je gère mon emploi du temps, que j'écris en pyjama.
La précarité, le manque d'argent, la peur de se retrouver sans rien du jour au lendemain ne sont-ils pas des aliénations plus grandes que 35h par semaine dans un bureau ?
J'y pense souvent mais je ne trouve toujours pas la réponse. Si quelqu'un l'a, je suis preneuse.
Ma solution n'est peut-être pas si loin. Trouver d'autres "clients" pour qui animer un blog, faire du community management, écrire. (Bien) vivre de l'écriture, au point de pouvoir abandonner tout le reste, ne plus avoir qu'un seul statut (pour le plus grand plaisir de mes amis l'URSSAF, la CAF, la Sécu et les impôts). Etre suffisament lancée pour ne pas craindre de ne pas retrouver de clients (c'est là que la solution commence à s'éloigner de la réalité), avoir des revenus assez réguliers pour que les banques ne refusent pas un prêt pour acheter une maison (là on rêve carrément). Pour le moment, je crois que je vais continuer à profiter de ce que j'ai (la chance d'avoir), et continuer à bosser.
Les temps sont durs, et surtout, le temps est long jusqu'au jour où ça s'arrangera, mais il ne faut pas désespérer. N'est-ce pas ?